Mon oncle ermite

Je n'ai pratiquement pas connu mon oncle Jean-Claude. Il vivait reclu dans sa maison de Wotton depuis plusieurs années. Il allait avoir 65 ans. J'ai appris son décès comme on apprend l'annonce d'une catastrophe aérienne, c'est-à-dire de façon soudaine et brusque. Nous sommes allés lui rendre un dernier hommage à Asbestos, et le reconduire à son ultime repos au cimetière de Danville. Ensuite, il y a eu une petite réception à la salle La Bénévole où j'ai pu discuter avec Louise Champagne, une cousine de mon grand-père. Avant de prendre la route pour Montréal, notre tante Janine nous a invité pour un café. Mais au préalable, je voulais absolument voir la maison de mon oncle avant que plus rien ne subsiste de son existence. Nous sommes donc parti à la recherche de sa résidence. Un voisin nous a indiqué le chemin: "Vous allez apercevoir la maison de monsieur Brochu après le tournant . À côté de sa demeure, il y a un container. " Mon frangin et moi sommes entrés par infraction dans sa maison. À l'intérieur, c'était un véritable capharnaüm. Mon oncle ne faisait vraisemblablement plus de ménage depuis un méchant bout. En fait, il accumulait une quantité phénoménale d'objets de toutes sortes, des livres et des vidéocassettes flambant neufs, sans parler du recyclage (piles de journaux et amas de boîtes de conserve vides) qui s'empilait dans sa cuisine et son salon. "Moi qui pensait que ma chambre était à l'envers!" s'est exclamé mon frère Denis. J'ai parlé de ce que j'ai vu à un travailleur social, et il m'a dit que mon oncle souffrait vraisemblablement du syndrôme de Diogène.